crédit photo Artem Podrez
Le conseil ou l’accompagnement d’entreprise m’a longtemps paru réservé aux grandes sociétés, aux grands groupes où l’on trouve de véritables viviers de consultants dans différents domaines. Peut-être trop à première vue ? Qu’apportent vraiment les conseils ou l’accompagnement ?
Typologie
On distingue deux grandes catégories de conseil en entreprises : ceux qui appartiennent à des cabinets, plus ou moins établis, et qui sont placés par ces cabinets dans les entreprises ; et ceux qui agissent comme indépendants.
Les premiers interviennent sur des projets stratégiques et viennent renforcer des équipes déjà existantes, tandis que les seconds ont une approche plus large, incluant des projets opérationnels et stratégiques.
Indépendants
Les indépendants dans le service aux entreprises représentent 23,6 % des indépendants français selon l’INSEE (statistique de fin 2022). En comparaison avec l’Europe, la France est en retard avec seulement 12,6 % des personnes en emploi contre une moyenne de 13,8 % dans l’UE, et des pays comme la Grèce et l’Italie qui dépassent les 20 %.
Le cas belge est intéressant : nos voisins ont la proportion la plus élevée d’indépendants ayant un haut niveau d’étude.
Les indépendants dans le conseil représentent 20 à 30 % des 180 000 personnes du secteur.
Études scientifiques
Une étude de 2025 menée entre autres par Gert Bijnens et Benjamin Schoefer (Berkeley) indique que les principaux clients des entreprises de conseil sont des entreprises en difficulté qui, grâce aux consultants, voient une augmentation de leur productivité de 3,6 % après intervention, à 5 ans, comparativement aux entreprises dans la même situation n’ayant pas eu recours à du conseil extérieur.
Une étude plus ancienne (1988) indiquait déjà un très haut niveau de satisfaction des entreprises ayant recours au conseil.
Évolution et domaines d’intervention
Le Syntec indique une croissance forte du secteur en 2022 avec une augmentation de 22,5 % et une création de 9,8 % d’emplois.
Globalement, nous vivons une période où le conseil connaît une révolution silencieuse. Les projets nécessitent des compétences spécifiques, rarement présentes dans les entreprises, et en particulier dans les PME. Ils offrent une souplesse budgétaire importante en période d’incertitude.
Côté indépendants, la tendance est à la recherche d’autonomie. De plus en plus de personnes, issues du salariat ou même d’anciens chefs d’entreprises, se lancent et trouvent leur équilibre dans cette vie riche en défis.
Parmi les sujets pris en charge par les consultants, la RSE occupe une place grandissante. L’entrée en vigueur progressive de la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) en Europe impose aux entreprises, y compris les ETI et certaines PME, de publier des rapports extra-financiers détaillés. Les consultants RSE accompagnent les dirigeants dans la mise en place de tableaux de bord environnementaux et sociaux, dans la conformité réglementaire, mais aussi dans la valorisation de la marque employeur. Cet accompagnement devient donc à la fois une protection contre les sanctions et un investissement stratégique en réputation.
Un autre sujet porteur est la transformation digitale. La digitalisation n’est plus une option mais une condition de survie. Selon l’OPIIEC, 88 % des entreprises considèrent la transformation numérique comme une priorité majeure. Or, l’arrivée de l’IA générative renforce ce besoin d’accompagnement. Les consultants aident à identifier des cas d’usage rentables, à sécuriser les données et à acculturer les équipes. Ce rôle de “passeur technologique” est particulièrement crucial pour les PME, souvent moins armées face à la vitesse des évolutions.
Enfin, on observe une montée de modèles hybrides : certaines entreprises combinent des consultants de grands cabinets pour les orientations stratégiques et des freelances pour la mise en œuvre opérationnelle. Ce fonctionnement “sur-mesure” permet une meilleure flexibilité budgétaire, une adaptation aux besoins réels de chaque projet et une agilité que les grandes structures seules peinent parfois à offrir.
Soutien public
Le secteur bénéficie aussi d’un ensemble d’aides publiques à l’échelle locale, régionale ou nationale (CCI, régions, OPCO, BPI…) qui représentent une vraie opportunité pour les entreprises de voir le montant associé aux prestations pris en charge en partie par ces aides ou subventions.
Parfois considérées comme un risque de réduction de l’engagement des équipes proportionnel à la “remise” obtenue, elles sont avant tout l’opportunité pour des structures plus petites d’accéder à des expertises importantes.
Sur le terrain : une vision transversale
Concrètement, de mon expérience, l’accompagnement n’est pas réservé aux grandes entreprises. Pour les start-ups comme pour les PME, il permet d’accéder à des compétences qui ne sont pas présentes en interne et qu’il ne serait pas judicieux d’internaliser à cause de la charge, ponctuelle et à temps partiel.
L’apport d’un regard neuf et neutre sur un sujet peut être considérable. De plus, grâce à la multiplicité des expériences, en parallèle comme passées, le consultant vient enrichir les projets et apporte une vision “benchmarking”.
De mes échanges récents avec différents salariés de petites et grandes entreprises, j’en ai tiré un enseignement : partager ses problématiques avec des personnes totalement extérieures mais sensibles aux sujets est une vraie source d’amélioration.
Pour concevoir des indicateurs pertinents, le recours à un œil extérieur, impartial, peut faire toute la différence. Il ne s’appuiera pas sur les habitudes mais cherchera réellement l’aspect analytique, le “pourquoi” de l’indicateur.
L’accompagnement ne se limite pas à des livrables ou à des process. Il joue un rôle crucial dans la transformation culturelle :
- Repenser les indicateurs pour qu’ils soient pertinents et non simplement hérités des habitudes,
- Aider les équipes à sortir de leurs biais internes,
- Favoriser le partage d’expériences et de bonnes pratiques issues d’autres secteurs.
C’est en ce sens que l’accompagnement devient un investissement durable, bien au-delà de la simple “ligne de dépense”.
Quelques exemples de missions “en indépendant”, grâce à Sca-Flex, sur le site : https://www.sca-flex.com/exemples-de-prestations/
Références
https://www.insee.fr/fr/statistiques/8376565?sommaire=8376600
https://propulsebyca.fr/idees-business/metiers-du-conseil/marche
https://eml.berkeley.edu/~schoefer/schoefer_files/BJS_Consulting.pdf
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