Entering the fast fashion era of SaaS very soon
Sam Altman, le PDG d’Open IA, a publié le 3 août dernier un tweet qui annonce une mutation dans le domaine du SaaS.
Quelques mots qui font réagir les marchés comme les communautés.
Fast fashion ou VSM ?
On constate de nombreux changements grâce à l’IA et certains prédisent même la fin du métier de développeur puisque l’IA peut aisément convertir syntaxiquement, dans le langage de notre choix, toute explication. Cela amène sans doute à la réflexion de Sam Altman : pourquoi s’équiper d’une solution SaaS quand on peut créer l’application qui correspond exactement à notre demande en utilisant l’IA ? Pourquoi ne pas internaliser totalement cette fonction ? Dans certains cas, il doit avoir raison. Pour créer une petite application de suivi de budget, un suivi de projets (avec AirTable ou Notion par exemple) ou un outil tiers de suivi de bugs ou de reporting qualité, autant gagner du temps, des efforts et de la souplesse. On est typiquement dans des cas de la VSM (Value Stream Mapping/Management) : au plus proche de l’utilisateur. Si l’application n’est plus utile, la “jeter” est une bonne chose pour l’entreprise. Elle ne se retrouve pas freinée dans ses mutations par l’outil informatique et les rigidités qu’il peut apporter. Sans compter qu’une telle application est facilement évolutive.
Le terme Fast Fashion a quelque chose de très négatif en français. On l’associe à la dérive consumériste du domaine de l’habillement et de la décoration. Mais, pour dans le cas de la fast fashion du logiciel, on ne va pas retrouver les impacts négatifs associés à la dérive textile :
- les coûts d’une application “fast fashion” sont limités en termes de main d’œuvre,
- le dimensionnement des applications est aussi limité car on les crée pour un besoin précis, on est donc plus économe
- le fait de jeter l’application n’a pas d’impact écologique (pas de traitements, sauf pour une éventuelle reprise de données mais qui sont elles-mêmes limitées),
- la sur-consommation est peu envisageable à cause des coûts de conduite du changements (les utilisateurs ont un temps minimal requis pour adopter une solution, on ne pourra donc pas se retrouver “gavés” d’application, sous peine de les voir toutes rejetées en bloc)
Le risque n’est pas tant l’encombrement matériel que la dette de gouvernance (sécurité, données, conformité). Bien géré, ce rythme peut servir la VSM en rapprochant la solution du flux de valeur utilisateur, avec des itérations ultra-courtes et des MVP qui collent au terrain. Ainsi, même si le terme “fast fashion” permet d’amener cette idée de rapidité dans la mise en place, de super-adaptabilité, de “je veux – j’achète”, il ne couvre pas réellement les facettes négatives, dans le cas du logiciel et s’apparente d’avantage à la VSM.
Cela dit, est-ce pour autant la fin des “vraies” solutions SaaS ?
La fin du SaaS
Pas forcément.
Le terme de SaaS est apparu en 2001 (même si certains le situe en 2005). Les solutions ont évolué jusqu’à en 2013 représenter un marché de 2 milliards de dollars dans le monde (Baromètre 2013 des prestataires de cloud computing MARKESS). Depuis, les éditeurs historiques ont vu arriver les plus petits éditeurs, qui ont vu alors une solution pour rester compétitif et un moyen de compenser, parfois, les manques de ressources internes des entreprises.
En effet, c’est un atout majeur du SaaS : permettre de faciliter l’intégration d’un outil, d’en assurer l’hébergement technique et les mises à jour, la sécurité, sans faire reposer ces aspects sur le client, dont ce n’est pas le métier. En ce sens, les solutions SaaS sont devenues indispensables, surtout à une époque où les cyberattaques sont devenues monnaie courante.
Les éditeurs proposent des solutions complètes facile à intégrer, mais peut-être d’autres dérives, que la fast fashion, avaient déjà signifié leur déclin ou limitation ? Les dérives majeures observées sont :
- Coûts non maîtrisés car les abonnements évoluent sans préavis de plus en plus, ce qui traduit, à mon sens, un manque de déontologie mais qui, sous l’impulsion des géants du secteur, devient la norme,
- Transformation du Capex en Opex qui impliquent de différences dans les résultats parfois non souhaités,
- Mise à jour sous réserve de surcoûts..
Ainsi, peut-être que les pratiques des acteurs du SaaS sont en partie en cause dans le déclin ou prémisse de déclin observé, plus que l’IA.
Sur le terrain
Concrètement, sur le terrain, dans l’industrie, qu’observe-t-on ? D’abord, un écart entre la vision Software et terrain qui semble-t-il s’accentue.
N’oublions pas que beaucoup d’industrie ne sont pas nées hier et qu’elles s’appuient encore et toujours sur des solutions locales, ou “on premises”, parfois archaïque mais robuste (AS400) où, quoiqu’il en soit, les données sont stockées.
Ainsi, en pratique, les industries commencent à découvrir les solutions SaaS depuis 4 ou 5 ans et pas en majorité. Les entreprises du numériques ou de service récentes ont un accueil plus favorable de ces solutions qui accompagnent leur croissance et ne vient pas remplacer l’existant.
Les faits divers comme l’incendie OVH en 2021 ont aussi contribué à ralentir l’expansion du SaaS, beaucoup d’entreprises ayant pris peur de perdre leurs données.
Peu d’entreprises se lancent encore dans les solutions VSM avec IA et c’est un enjeu national que de faire connaitre cette possibilité. On commence à entendre aussi des retours de projets numériques classiques, avec méthodologie officielle, gouvernance de projets, étapes classiques s’étalant sur une année ou plus d’analyse (quelques semaines), de maquettage puis réalisation (quelques mois), pré-tests et lancement qui laissent un goût amer : ils ne sont plus adaptés aux rythmes d’évolution des entreprises. Les analyses sont caduques en quelques mois, le client insatisfait, les évolutions complexes et la motivation des équipes diminue au fil des mois. La méthodologie classique des éditeurs doit elle aussi changer et se rapprocher de la “fast fashion” ou de la VSM pour répondre aux attentes des clients qui, dans leur quotidien, utilisent des applications sans formation, ergonomiques et directement utilisables.
Synthèse
Sans être experte en prospective, je crois et espère que la vision “Fast fashion” va influencer le SaaS. Les acteurs doivent s’adapter au marché pour proposer de répondre de manière plus souple mais aussi plus responsable écologiquement (sous réserve de ne pas abuser d’IA !) en offrant la possibilité de restreindre les fonctions déployées, de proposer des solutions plus ergonomiques, plus ciblée.
La définition du besoin reste et restera dans tous les cas un élément clé. Elle sera soit gérée en interne, si les équipes le permettent, soit accompagnée par des acteurs peut-être plus petits mais plus proche des problématiques du clients.
Notre posture
- Avec Sca, pas d’évolution tarifaire sans préavis de 3 mois minimum ; en cas de changement, nous laissons le temps d’étudier une solution de repli.
- Flex accompagne vos équipes sur la définition de besoin (cadre VSM, ateliers terrain, critères de succès) pour éviter la sur-spécification et accélérer la mise en service.
- Nous privilégions des déploiements frugaux et réversibles : commencer petit, élargir si la valeur est prouvée.
Rendez-vous sur sca-flex.com
Tweet « fast-fashion » (écho et analyses) : IKANGAI ; Gustavo Caetano (pt). IKANGAIGustavo Caetano
Pression de l’IA sur les éditeurs historiques (Adobe, etc.) : MarketWatch/Morningstar ; Reuters Breakingviews ; analyses récentes. Morningstar+1Reuters
Incendie OVHcloud Strasbourg (10 mars 2021). Wikipédia
Origine du terme SaaS : versions 2001 (Futura-Sciences) et 2005 (John Koenig). FuturaPaessler – The Monitoring Experts
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